Hubert Falco

Ancien Maire de Toulon
Ancien Président de Toulon Provence Méditerranée
Ancien Ministre

Le Monde : « Notre jardin commun, la Méditerranée, se meurt, et nous ne pouvons rester silencieux »

Dans une tribune publiée ce mardi dans le quotidien Le Monde que je cosigne avec un collectif de 25 Maires de grandes villes méditerranéennes issus de 11 pays parmi lesquels Benoît Payan, Maire de Marseille, Christian Estrosi, Maire de Nice, et Michaël Delafosse, Maire de Montpellier, nous appelons à l’instauration d’une zone ECA en Méditerranée afin que des normes plus sévères en matière d’émissions polluantes soient appliquées pour les navires y croisant et ainsi réduire significativement la pollution de l’air due au trafic maritime.

A ce propos, je rappelle que la Métropole Toulon Provence Méditerranée et la Ville de Toulon, se sont engagées dès 2019, aux côtés de la Région Sud et de son Président, Renaud Muselier, à lutter activement sur notre territoire contre la pollution de l’air liée aux transports maritimes.

A Toulon, dans le cadre du dispositif régional « Escales Zéro Fumée », ce sont deux conventions qui ont été signées, la première pour l’électrification de l’ensemble des quais du port de commerce, la seconde pour le financement de l’équipement des navires de l’armateur Corsica Ferries.

L’électrification des quais, effective dès 2023, représente à ce jour, la solution environnementale la plus performante. Elle permettra de diviser par 15 les émissions de soufre dans la Rade et de diminuer de 85% les émissions de fumées à quai. Pour Toulon, cela représente sur une année, pour la seule activité ferries, une diminution des émissions de soufre équivalentes à celles de 50 000 voitures.

La Métropole a également adopté d’autres mesures incitatives et complémentaires. Nous avons ainsi imposé aux navires dès avril 2019 l’utilisation d’un carburant à 0,1% de soufre dès leur entrée dans la Rade de Toulon.

La loi fixant la teneur maximale d’oxyde de soufre des carburants marins à 0,5% depuis 2020, nous allons donc 5 fois plus loin que ce que la loi impose aujourd’hui. Nous appliquons ainsi dans la Rade de Toulon ce qui est déjà imposé dans les zones ECA existantes.

La ville de Toulon et la Métropole TPM, aux côtés de la Ville de Nice et également de la Région Sud Provence-Alpes-Côte-d’Azur, à l’initiative de cette réponse globale pour les grands ports de notre région, sont disposés à aller encore plus loin.

Nous le redisons aujourd’hui, nous sommes favorables à l’établissement d’une zone d’émissions contrôlées ECA en Méditerranée. Dès 2019, une demande en ce sens, avait d’ailleurs été formulée auprès de la Ministre de la Transition Ecologique et Solidaire, Élisabeth Borne.

Nous agissons au quotidien pour améliorer au quotidien la qualité de l’air dans nos territoires. Mais ce défi qui dépasse largement nos frontières, nous ne pouvons le gagner seul. Nous le savons, une zone ECA n’a de pertinence que si elle est établie sur l’ensemble du bassin méditerranéen.

Plus que jamais, c’est le collectif qui nous permettra de gagner ce combat. C’est en unissant nos forces et en construisant une stratégie commune que nous réussirons à préserver et protéger la Méditerranée, c’est tout le sens de cette tribune :

 

Notre jardin commun, la Méditerranée, se meurt, et nous ne pouvons rester silencieux

La Méditerranée est la mer de tous les passages et de tous les commerces depuis l’Antiquité : elle ne représente que 1% de la surface des mers du globe, mais elle concentre 25% du trafic maritime, 30% du trafic pétrolier. Sa biodiversité est unique au monde, 500 millions de personnes peuplent ses côtes, et pourtant le retard pris dans la protection de la nature et des populations est majeur.

Notre jardin commun se meurt, et nous ne pouvons rester silencieux.

Maires des communes qui entourent la mer Méditerranée, ce patrimoine, berceau de notre humanité, nous constatons tous les jours le drame écologique qui se noue.

Nous l’avons affirmé en septembre 2021 lors du Congrès de l’UICN : la Mer Méditerranée est un joyau en péril.

Le résultat est déjà sous nos yeux, le bassin méditerranéen est en première ligne face aux changements climatiques : canicules, inondations, sécheresses, incendies dévastateurs, montée des eaux. S’ajoute à cela la pollution de l’air, causée par des bateaux pollueurs, hors d’âge, qui la traversent, et ceux qui y sont à quai.

Et ce sont ceux qui vivent grâce et auprès d’elle qui en paient le prix. Ces catastrophes climatiques et environnementales affectent notre nature et nos concitoyens, en particulier les plus fragiles.

Face à la fatalité, nous opposons une volonté politique sans faille.

Notre mobilisation fait écho à celles des acteurs de la société civile, des États, des Institutions internationales.

Ensemble, nous demandons l’adoption au plus vite d’une zone ECA en Méditerranée pour lutter contre la pollution de l’air des navires, et réduire les pluies acides qui s’abattent sur notre mer et notre littoral.

Une décennie après l’Amérique du Nord, après les Caraïbes, la Baltique, la mer du Nord ou de Chine, il est urgent d’agir. Par cet appel, nous voulons porter la voix des citoyens qui vivent en première ligne sur toutes les rives de la Méditerranée, et peser sur les discussions qui auront lieu dans quelques mois.

Nous, maires des villes et ports méditerranéens, ne pouvons plus accepter la pollution massive engendrée par la circulation de navires obsolètes et dangereux, qui nuit gravement à la santé des populations, contribue au réchauffement climatique, participe à la perte de la biodiversité et mine l’attractivité de nos territoires.

Nous savons l’engagement, sur ces sujets, des ONG et des acteurs de la société civile, qui sont aux avant-postes des solutions, et des armateurs, qui pour certains sont en avance et arment des navires beaucoup plus respectueux de l’environnement et de la santé.

Nous demandons à l’Organisation Maritime Internationale d’approuver la mise en place de la zone de réglementation en Méditerranée.

Nous demandons à nos Gouvernements d’accélérer le processus actuel pour aller plus rapidement vers une zone ECA, réglementant non seulement les émissions de soufre et de particules, mais aussi les oxydes d’azote, dont la dangerosité est largement démontrée.

Nous le faisons par responsabilité vis-à-vis de la nature et de nos concitoyens, qui n’ont pas à être les victimes de ces pollutions.

Nous le ferons ensemble et avec tous les acteurs qui créent, innovent, militent pour protéger notre Méditerranée, pour protéger le vivant. Nous sommes convaincus que nous pouvons être la solution. Autour de notre mer Méditerranée, comme dans le monde, il est temps d’agir pour tourner la page de l’irresponsabilité écologique.

Souad Abderrahim, maire de Tunis ; Luis Barcala, maire d’Alicante (Espagne) ; Kamel Ben Amara, maire de Bizerte (Tunisie) ; Marco Bucci, maire de Gênes (Italie) ; Michaël Delafosse, maire de Montpellier ; Francisco Manuel de la Torre Prados, maire de Malaga (Espagne) ; Mustapha El Bakkouri, maire de Tétouan (Maroc) ; Mounir Elloumi, maire de Sfax (Tunisie) ; Mohamed El Sherif, gouverneur d’Alexandrie (Egypte) ; Christian Estrosi, maire de Nice ; Hubert Falco, maire de Toulon ; Mato Frankovic, maire de Dubrovnik (Croatie) ; Hassan Ghamrawi, président de la communauté urbaine d’Al Fayhaa (Liban) ; José Francisco Hila Vargas, maire de Palma (Espagne) ; Mohamed Ikbel Khaled, maire de Sousse (Tunisie) ; Francesco Italia, maire de Syracuse (Italie) ; Jamal Itani, maire de Beyrouth ; Mounir Lymouri, maire de Tanger (Maroc) ; Nicos Nicolaides, maire de Limassol (Chypre) ; Leoluca Orlando, maire de Palerme (Italie) ; Benoît Payan, maire de Marseille ; Ivica Puljak, maire de Split (Croatie) ; Pau Ricoma Vallhonrat, maire de Tarragone (Espagne) ; Christian Santos, maire de Gibraltar (Royaume-Uni) ; Riad Yamak, maire de Tripoli (Liban).

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